30/08/2012

The Chosen, by Jeremy Kagan (1981)

L'adaptation cinématographique du livre (Chaïm Potok)

Le deuxième sexe, par Simone de Beauvoir (1949)

Un essai existentialiste et féministe, paru en 1949.
Voici quelques passages intéressants:
“Ainsi, la passivité qui caractérisera essentiellement la femme
«féminine» est un trait qui se développe en elle dès ses premières
années. Mais il est faux de prétendre que c'est là une donnée
biologique; en vérité, c'est un destin qui lui est imposé par ses
éducateurs et par la société. L'immense chance du garçon, c'est que sa
manière d'exister pour autrui l'encourage à se poser pour soi. Il fait
l'apprentissage de son existence comme libre mouvement vers le
monde; il rivalise de dureté et d'indépendance avec les autres garçons,
il méprise les filles. Grimpant aux arbres, se battant avec des
camarades, les affrontant dans des jeux violents, il saisit son corps
comme un moyen de dominer la nature et un instrument de combat; il
s'enorgueillit de ses muscles comme de son sexe; à travers jeux,
sports, luttes, défis, épreuves, il trouve un emploi équilibré de ses
forces; en même temps, il connaît les leçons sévères de la violence; il
apprend à encaisser les coups, à mépriser la douleur, à refuser les
larmes du premier âge. Il entreprend, il invente, il ose.”
(p.30)

“On verra, plus loin, combien les rapports de la mère à la fille sont
complexes: la fille est pour la mère à la fois son double et une autre, à
la fois la mère la chérit impérieusement et elle lui est hostile; elle
impose à l'enfant sa propre destinée: c'est une manière de revendiquer
orgueilleusement sa féminité, et une manière aussi de s'en venger.”
(p.32)

“Comme l'amoureuse, la mère s'enchante de se sentir nécessaire; elle
est justifiée par les exigences auxquelles elle répond; mais ce qui fait
la difficulté et la grandeur et l'amour maternel, c'est qu'il n'implique
pas de réciprocité; la femme n'a pas en face d'elle un homme, un
héros, un demi- dieu, mais une petite conscience balbutiante, noyée
dans un corps fragile et contingent; l'enfant ne détient aucune valeur, il
ne peut en conférer aucune; en face de lui la femme demeure seule;
elle n'attend aucune récompense en échange de ses dons, c'est à sa
propre liberté de les justifier. Cette générosité mérite les louanges que
les hommes inlassablement lui décernent; mais la mystification
commence quand la religion de la Maternité proclame que toute mère
est exemplaire. Car le dévouement maternel peut être vécu dans une
parfaite authenticité; mais, en fait, c'est rarement le cas.
Ordinairement, la maternité est un étrange compromis de narcissisme,
d'altruisme, de rêve, de sincérité, de mauvaise foi, de dévouement, de
cynisme. Le grand danger que nos moeurs font courir à l'enfant, c'est
que la mère à qui on le confie pieds et poings liés est presque toujours
une femme insatisfaite: sexuellement elle est frigide ou inassouvie;
socialement elle se sent inférieure à l'homme; elle n'a pas de prise sur
le monde ni sur l'avenir; elle cherchera à compenser à travers l'enfant
toutes ces frustrations; quand on a compris à quel point la situation
actuelle de la femme lui rend difficile son plein épanouissement,
combien de désirs, de révoltes, de prétentions, de revendications
l'habitent sourdement, on s'effraie que des enfants sans défense lui
soient abandonnés. Comme au temps où tour à tour elle dorlotait et
torturait ses poupées, ses conduites sont symboliques: mais ces
symboles deviennent pour l'enfant une âpre réalité. Une mère qui
fouette son enfant ne bat pas seulement l'enfant, en un sens elle ne le
bat pas du tout: elle se venge d'un homme, du monde, ou d'elle-même;”
(p.376-377)


29/08/2012

L'élu, par Chaïm Potok (1967)


"Brooklyn. 1944. « Chaque fois que je fais ou que je vois quelque chose que je ne comprend pas, il faut que j’y pense jusqu’à ce que je le comprenne… Je ne comprend pas pourquoi j’ai voulu te tuer. » Cet aveu résume l’aberration d’une guerre mal connue qui s’ouvre dans les quartiers juifs de New York, opposant sionistes et hassidiques que le conflit mondial achève de désunir.  Les premiers, intégrés au monde moderne, tirent leçon de la Shoah que les Juifs doivent prendre leur destin en main et construire une nation. Les seconds, refusant tout d’un monde « qui nous tue » rejettent encore l’idée de créer un pays israélite sans l’accord de Dieu.

L’histoire débute alors par un match de base ball qui se transforme en rixe et où un jeune sioniste, Reuven Malter, 15 ans, est gravement frappé à l’oeil.

A travers cette lutte s’en dessine une autre plus discrète mais peut être aussi plus douloureuse : celle de l’agresseur, Danny Saunders, fils d’un rabbin hassidique renommé. Promis lui-même à l’ordination, il cherche par amour pour son père et par respect envers sa religion pourtant si exigeante, à refouler sa propre personnalité, conscient qu’elle l’entraînerait vers un autre destin.

Cet incident va les éclairer tous deux et les unir d’une amitié impossible, défiant un monde que les logiques communautaires étouffent.

Reuven, attiré par ce garçon énigmatique, accepte d’être son confident et de devenir l’« élu » du jeune homme. À ce titre, Il apprend de Danny sa passion cachée pour Freud, ce juif qui, sans cesser de l’être, osa « arracher l’homme à Dieu » afin de « comprendre le mystère de la nature humaine ». Il pose ainsi la douloureuse question de l’identité juive face à la recherche de soi.

Dans le même temps, les massacres perpétrés par les Palestiniens lors de la création de l’État d’Israël vont affaiblir les forces du conservatisme au nom de la solidarité juive. Face aux réalités, c’est tout un monde de traditions et de convictions qui s’écroule, symbolisé par la dernière scène où le fils silencieux écoute en pleurant son père lui rendre sa liberté.

Ce roman nous entraîne dans l’univers bouleversant du New-Yorkais Chaim Potok (1929-2002) issu d’une famille juive conservatrice. Lui-même rabbin, il transpose au travers des personnages de L’Élu (et de ses autres romans : Je m’appelle Asher Lev ; Le don d’Asher Lev…) l’histoire de sa propre crise morale au moment où il voulu concilier identité juive et écriture. L’ensemble de son œuvre est considéré comme révolutionnaire dans l’histoire de la littérature outre-Atlantique car il aborde pour la première fois le problème de l’identité juive non en fonction de sa place dans la société américaine mais à l’intérieur même du judaisme.

Au-delà de cette épreuve personnelle, l’auteur veut rendre justice à tous : tyrannisés comme opppresseurs. Car ce monde hassidique, présenté d’abord sous son aspect froid et tyrannique, cache en lui une sensibilité aiguë, cristallisée dans la volonté de porter sur ses épaules la douleur d’un peuple ayant fait l’expérience du mépris humain.

Mais L’Élu ne s’arrête pas aux déchirements d’une communauté qui s’interroge sur sa raison d’être et sur son destin. Ce livre est aussi un grand ouvrage humaniste appelant à abattre les barrières qui obstruent la pensée humaine ou la fraternité entre les peuples. Pour l’auteur, nulle tyrannie ne saurait en effet légitimer son existence, pas même le malheur subi, pas même la recherche de Dieu quand tout espoir en l’Homme est tari.

Sophie AS Bib"
(ref:http://littexpress.over-blog.net/article-chaim-potok-l-elu-41789833.html)



Vivian Maier's photographs

"A riddle, wrapped in a mystery, inside an enigma.

Piecing together Vivian Maier’s life can easily evoke Churchill’s famous quote about the vast land of Tsars and commissars that lay to the east. A person who fit the stereotypical European sensibilities of an independent liberated woman, accent and all, yet born in New York City. Someone who was intensely guarded and private, Vivian could be counted on to feistily preach her own very liberal worldview to anyone who cared to listen, or didn’t. Decidedly unmaterialistic, Vivian would come to amass a group of storage lockers stuffed to the brim with found items, art books, newspaper clippings, home films, as well as political tchotchkes and knick-knacks.
The story of this nanny who has now wowed the world with her photography, and who incidentally recorded some of the most interesting marvels and peculiarities of Urban America in the second half of the twentieth century is seemingly beyond belief.

An American of French and Austro-Hungarian extraction, Vivian bounced between Europe and the United States before coming back to New York City in 1951. Having picked up photography just two years earlier, she would comb the streets of the Big Apple refining her artistic craft. By 1956 Vivian left the East Coast for Chicago, where she’d spend most of the rest of her life working as a caregiver. In her leisure Vivian would shoot photos that she zealously hid from the eyes of others. Taking snapshots into the late 1990′s, Maier would leave behind a body of work comprising over 100,000 negatives. Additionally Vivian’s passion for documenting extended to a series of homemade documentary films and audio recordings. Interesting bits of Americana, the demolition of historic landmarks for new development, the unseen lives of ethnics and the destitute, as well as some of Chicago’s most cherished sites were all meticulously catalogued by Vivian Maier.
A free spirit but also a proud soul, Vivian became poor and was ultimately saved by three of the children she had nannied earlier in her life. Fondly remembering Maier as a second mother, they pooled together to pay for an apartment and took the best of care for her. Unbeknownst to them, one of Vivian’s storage lockers was auctioned off due to delinquent payments. In those storage lockers lay the massive hoard of negatives Maier secretly stashed throughout her lifetime.
Maier’s massive body of work would come to light when in 2007 her work was discovered at a local thrift auction house on Chicago’s Northwest Side. From there, it would eventually impact the world over and change the life of the man who championed her work and brought it to the public eye, John Maloof.
Currently, Vivian Maier’s body of work is being archived and cataloged for the enjoyment of others and for future generations. John Maloof is at the core of this project after reconstructing most of the archive, having been previously dispersed to the various buyers attending that auction. Now, with roughly 90% of her archive reconstructed, Vivian’s work is part of a renaissance in interest in the art of Street Photography."
See the work of Vivian Maier on the website: http://www.vivianmaier.com/